L'AFFAIRE VALERIE FAURE

Le bon docteur Mélennec saisit :

 Paris, le 10 octobre 2002
Maître TOMME, bâtonnier
M.M. les membres du Conseil
de l'Ordre des avocats BERGERAC (Dordogne)
 Monsieur le Bâtonnier, Maîtres,

J'ai pris connaissance avec beaucoup de surprise, par la presse, des sanctions que vous envisagiez d'infliger à Maître Valérie FAURE, coupable de l'abominable crime, qui offense en effet la conscience Universelle, d´avoir donné des concerts d´accordéon en public, au bénéfice et pour le plaisir des passants.

1- A moins que je ne connaisse pas le droit public, maître FAURE a le droit de pratiquer la musique là ou bon lui semble. En prétendant la sanctionner pour cela, votre ordre risque de violer d´une manière patente les textes garantissant sa liberté d´expression.

2- On ne voit pas en quoi elle aurait, en se livrant à son loisir favori, heurté la moralité publique. Le palais de justice de Paris organise chaque année une fête de la musique ; de nombreux avocats y participent ; les concerts sont publics. Sauf erreur de ma part, vous commettriez à ses dépens une discrimination - constitutive d´une faute en droit Français, et sanctionnée par la convention européenne des droits de l´homme ainsi que par la Charte des droits fondamentaux -, si vous lui appliquiez des sanctions, là ou de nombreux autres peuvent exprimer librement leur art.

3- La grande presse a relaté le cas d´un avocat parisien connu, qui a posé nu pour ne revue à grand spectacle, probablement en échange d´honoraires substantiels. Je passe sous silence le mauvais goût de la chose, l´intéressé étant tout l´inverse d´un Apollon, le spectacle de sa nudité étant davantage de nature à offenser les yeux plutôt qu´à les flatter note(1); cela échappe au droit. Mais là ou les principes généraux retrouvent leur application, c´est qu´il y a, à l´encontre de maître FAURE, discrimination manifeste : en qualité de garants de la morale et de l´image de la profession d´avocat dans la population, il est impossible que vous mettiez en oeuvre des procédures disciplinaires à l´encontre d´une personne coupable d´avoir fait de la musique en public, et que, dans le même temps, vous vous absteniez d´agir lorsqu´un avocat s´exhibe, contre vraisemblable rémunération.

Le premier cas est d´une insignifiance absolue, au regard des principes que vous entendez défendre; le second mérite, indiscutablement, un examen attentif. Sans faire preuve d´une pudibonderie excessive, je suis de ceux qui pensent que les avocats ne doivent pas s´exhiber à poil devant des milliers de témoins, surtout pour des intérêts mercantiles.

Le fait que cet avocat relève d´un autre Ordre que le vôtre est juridiquement TOTALEMENT inopérant : tout particulier peut déposer plainte auprès du Bâtonnier de Paris; s´agissant d´un barreau de province qui défend avec un tel acharnement l´image de l´avocat, ne pas déposer plainte auprès du bâtonnier IWEINS me parait constituer une discrimination à l´égard de madame FAURE. Aussi, je vous demande par la présente d´aller au bout de votre logique, et d´agir en conséquence.

Recevez, maîtres, l´assurance de mes confraternels sentiments.

 (1) du moins d´après ce qu´en ont montré les photographes. Mais sans doute ont-ils - malignement - exagéré

Louis Mélennec,
Ex consultant près le Médiateur de
la République Française.

Copie : maître FAURE; maître IWEINS.

 

 Paris le 10 octobre 2002

 Maître IWEINS, bâtonnier de

l´ Ordre des avocats de Paris

 Monsieur le Bâtonnier,

Je suis bien loin d´être un père la pudeur, encore moins un éteignoir.

Cependant, je n´ai jamais été effleuré par l´idée de poser nu pour des magazines, en monnayant mes prestations. J´admets d´ailleurs, très honnêtement, qu´on ne voudrait pas de moi.

L´ordre des avocats de Paris serait-il à la pointe du progrès - auquel cas, à 60 ans, je serais totalement déphasé ? Quoi qu´il en soit, vos avocats s´exhibent maintenant à poil ( excusez ma familiarité, elle n´est pas habituelle ), dans des revues à grand spectacle. Probablement Pour des "cachets" substantiels.

Dans le même temps, le barreau de Bergerac sanctionne l´un de ses membres pour avoir....joué de l´accordéon en public!!!

Il y a là, indiscutablement, un double problème:

- Nos professions, déjà si décriées, doivent-elles encore exiger de leurs membres une tenue correcte en dehors de leurs cabinets, ou devons nous souscrire les yeux fermés à la grande "révolution sociale" si brillamment initiée par les élus du peuple en 1981, avec les si remarquables résultats que l´on sait ?

- Le second est celui de la discrimination. Peut-on, juridiquement sanctionner un avocat pour avoir concerté avec un accordéon en public, et ne pas se préoccuper du steap teese auquel s´adonnent les membres de votre Eminente compagnie ? Ne craignez-vous pas que l´exemple se propage  ?

La deuxième question mérite, quelle que soit la réponse y apportée, que votre bureau soit saisi. Considérez, donc, que la présente lettre est une saisine de votre Ordre, dans la mesure ou j´ai qualité pour le faire, bien entendu. Je suis pour un "dépoussiérage" des vieilles règles. Mais jusqu´à un certain point : a vous de dire le Droit.

Selon notre constitution, la loi est la même pour tous. Selon notre Conseil constitutionnel, deux situations juridiquement identiques doivent juridiquement être traitées de la même manière. Selon la Convention européenne des droits de l´homme et la Charte des droits fondamentaux, tous sont égaux devant le Droit, les discriminations sont interdites.

S´il advenait que je n´aie pas compétence pour vous saisir, j´entends que vous vous saisissiez du problème : les justiciables attendent de vous que vous décidiez, quel que soit le sens dans lequel le ferez.

Recevez, Monsieur le Bâtonnier et cher maître, l´assurance de mon cordial souvenir.


Louis MELENNEC
Docteur en Droit
Copie : maître FAURE; le bâtonnier TOMME

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