Anne, fille ainée du Duc Souverain François II
et de Marguerite de Foix, née
en 1477, mariée contre son gré avec le roi de France Charles VIII
en 1491, à la
suite de l'invasion, de la destruction et de l'occupation de la Bretagne, veuve
de ce roi mort en avril 1498, épouse au château de Nantes, en janvier
1499, son
parent Louis d'Orléans, devenu roi sous le nom de Louis XII.
Les époux signent un Traité aux termes duquel la Bretagne et la France resteront à jamais
deux pays distincts et séparés. La Bretagne conservera ses institutions propres,
principalement son Duc, son Chancelier-Premier ministre, son Parlement Général
(les Etats de Bretagne), sa Chambre des comptes. Fait CAPITAL, le traité règle
la succession au trône de Bretagne, pour que celui-ci, après l'union purement
personnelle que constitue le mariage d'Anne et de Louis XII, redevienne un Etat
pleinement souverain, les Bretons devant retrouver, à brève échéance leur Prince
Naturel.
Anne de Bretagne, qui gouverne le Duché de 1499 à 1514 (sous la surveillance
de son mari Louis XII et du Chancelier-Premier ministre de France), met au monde
plusieurs enfants.
Deux d'entre eux survivent.
L'ainée, Claude, née en 1499, épouse François d'Angoulême, fils de Louise de
Savoie, neveu de Louis XII (celui-ci est l'héritier de la couronne de France,
en l'absence d'enfant mâle issu du couple royal), quelques mois après la mort
d'Anne, qui survient en janvier 1514.
Tant qu'elle a vécu, Anne s'est opposée,
avec férocité, à ce mariage, sachant que la Bretagne ne pourra se défendre contre
les convoitises de François, homme prodigue, peu regardant quant aux moyens,
autoritaire absolu et dissolu.
Renée de France, née en 1510, deuxième fille du couple royal, qui a aussi des
droits sur le Duché, est dépouillée de son immense héritage par son beau frère,
devenu François I er en janvier 1515, à la mort de son oncle Louis XII. On se
débarrasse de Renée, comme d' un paquet de linge sale, en la mariant en 1528 à un
principicule italien, Hercule d'Este, Duc du Ferrare, fils de Lucrèce Borgia,
petit fils du Pape Alexandre VI BORGIA.
Ce prince, bénéficiaire de cette monstrueuse
mésalliance, perpétrée par le roi de France pour éloigner sa belle soeur - qui
constitue un danger pour lui -, n'est certes pas en situation d'exiger que soit
restitué à sa femme ce qui lui a été volé, ni de faire valoir les droits de celle-ci
sur le Duché de Bretagne. (Les sources sur Renée de France sont considérables,
mais n'ont pas encore été toutes exploitées; plusieurs ouvrages très sérieux
lui sont consacrés, en France comme en Italie; on n'ignore rien, en tous cas,
de la spoliation dont elle a été victime).
L'héritier légitime du trône de Bretagne, en vertu du Traité validement conclu
conclu en 1499 par Anne de Bretagne et son mari Louis XII, lors de leur mariage à Nantes,
est leur deuxième fils de la Duchesse Claude et de son mari François I er, le
Prince Henry.
A la mort de la Duchesse Claude, en 1524, Henry est réclamé par
devant notaire par les Bretons comme Duc légitime (sur ce point, voir les articles
de Chantal Reydellet, conservateur en chef des archives départementales d'Ile
et Villaine).
Mais les français - par des manoeuvres qui ne sont pas encore connues
dans le détail -, parviennent à l'éliminer de ses droits à la succession, et à lui
substituer son frère François, fils aîné de Claude et de François I er.
Celui-ci
est dauphin de France, dès lors déjà héritier de la couronne du royaume.
Les
Bretons n'ont plus de gouvernement, depuis la suppression de celui-ci par les
Français, après la mort d'Anne, ni d'armée. Ils doivent s'incliner devant cette
violente imposture, qui les rend prisonniers de leurs ennemis à brève échéance.
Contrairement à ce qu'ont écrit TOUS LES HISTORIENS BRETONS à ce jour, la Duchesse
Claude de Bretagne, à sa mort, en 1524, ne lègue pas le Duché de Bretagne à son
fils aîné le dauphin François: l'accession au trône de Bretagne (comme d'ailleurs
au trône de France), ne peut résulter ni d'un testament, ni d'une cession, ni
d'une vente, ni d'aucun acte similaire: on devient Duc parce que les usages constitutionnels
de l'Etat en décident ainsi, et non autrement.
Comme en France encore. François
est sacré Duc de Bretagne à Rennes, en 1532. Il est éloigné immédiatement
du
Duché par son père, qui gouvernera la Bretagne jusqu'à sa
mort (voir les articles
de Chantal Reydellet).
Sans aucun doute, même si les Bretons sont contraints d'accepter la situation,
ce Duc François III , même s'il est le petit fils d'Anne de Bretagne,
l'arrière petit fils de François II, n'a aucune légitimité;
c'est un IMPOSTEUR, imposé par la France. A ce jour, personne n'a dénoncé ce
fait.
En 1532, par l'effet d'un EDIT publié par le roi de France - c'est à dire une
loi française, émanant d'un ETAT ETRANGER, sans effet possible sur le territoire
breton, la Bretagne est déclarée «unie perpétuellement» (sic !!!) à son ennemi
mortel, la France. Cette imposture, par des manoeuvres puériles au plan juridique,
est déguisée sous la forme du simulacre d'un prétendu Traité, qui n'est pas
même, en droit, nul de nullité absolue, MAIS JURIDIQUEMENT INEXISTANT (voir nos
publications antérieures sur ce point, et notre conférence prononcée à Vannes
en mars 2006).
Les causes de cet invraisemblable tour de passe passe sont multiples; elles ne
seront pas étudiées ici.
L'une d'elle, l'assujettissement des principaux du duché par
des moyens multiples, malhonnêtes, mais ingénieux, a été parfaitement "démontée" par
l'excellente thèse de Dominique LEPAGE, qu'on lira avec le plus grand
profit
(Président de thèse: Jean Kerhervé, auteur de la note introductive).
A partir de 1532, jusqu'à aujourdh'ui, la Bretagne est politiquement réduite à néant.
Puissance européenne très importante sous ses Ducs souverains, elle disparaît
de la scène internationale, n'a plus d'ambassadeurs, est privée de son droit
presque millénaire de conclure des traités.
Elle est sous la domination de la
dynastie française, elle n'a plus de Premier ministre, ni de gouvernement, ni
d'armée, ni de volonté nationale propre; les «engagements» solennels pris par
la France en 1532 de lui conserver ses lois privées et ses droits, sont une suite
de violations gravissimes, étudiées très en détail par des thèses remarquables
(dont les principales sont celles de BONVALLET et de E. MOY).
L'interdiction péremptoire faite aux Bretons d'enseigner leur histoire dans les écoles
construites par eux avec leurs deniers, aboutit à cette situation effarante:
en plein XXI ème siècle, en violation flagrante des droits de l'homme, des peuples
et des Nations, la grande majorité des Bretons ignorent ces faits.
D'autres font
en sorte qu'on ne les porte pas à la connaissance du public.
D'autres les nient.
D'autres s'opposent aux recherches universitaires qui lèveraient le voile.
D'autres
construisent des «films» pour tenter de discréditer ceux des Souverains Bretons
que la Bretagne considère comme des héros.
La population se réveille peu à peu,
mais reste passive dans son ensemble. A l'exception des jeunes, dont beaucoup
font preuve d'un avidité de TOUT SAVOIR; ce dont témoignent les correspondances
que nous avons reçues d'eux.
Paris, le 1er novembre 2007
Docteur Louis MELENNEC
Ex consultant près le Médiateur de la République Française.